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Retrouvez le journal KANAK N° 215 en cliquant sur ce lien link

 

EDITORIAL

Quelle visibilité politique au FLNKS

 

Le moins que l’on puisse dire c’est que le FLNKS ne renvoie pas à la population l’image de sérénité et de confiance qu’elle est en droit d’attendre du signataire historique des deux accords politiques successifs de 1988 et de 1998. Pourtant, les sujets et les occasions fournies par l’actualité politique locale ne manquent pas, notamment avec une droite locale revigorée. Ni la déclaration de politique générale du gouvernement qui trouve des récalcitrants dans sa mise en oeuvre, ni les déclarations successives de Pierre Frogier sur l’avenir institutionnel, sur l’affichage commune des drapeaux ou, sur une stratégie industrielle, n’ont suscité de réflexions sur le fond comme si tout cela allait dans le bon sens. Indifférence face aux sujets, incapacité à trouver un consensus entre les partis, problèmes de priorités, il y a visiblement une grosse difficulté de pilotage politique au sein du FLNKS qui, par impuissance ou incapacité politique, laisse libre cours aux déclarations politiques de certaines de ses composantes, voire de certaines associations ou jeunes qui sont élevés au rang de forces nouvelles parées de tous les attributs et de toutes les légitimités révolutionnaires. Les élections provinciales ont suscité des ambitions nouvelles qui conduisent aujourd’hui à s’interroger sur l’existence ou non d’une stratégie du Front dans cette phase politique déterminante.

 

Du néocolonialisme à vue d’oeil.

Le PALIKA avait demandé une clarification de la situation au sein d’un congrès du FLNKS.

Le dernier congrès du Front de la Rivière Salée a plutôt accouché d’une plus grande confusion. Aucune ligne politique claire n’est ressortie. Certains responsables ont laissé lors de ce congrès leurs bases exprimer des frustrations qui auraient dû trouver des solutions au sein même de leur parti. D’autres semblent se contenter désormais de la présence du FLNKS au sein de la province Sud et se cantonnent dans des rôles de faire-valoir.

Le Bureau Politique du Front fait preuve, quant à lui, d’incohérence politique alors même qu’il est la seule instance unitaire en mesure d’organiser la cohérence politique du mouvement et de tirer l’organisation vers le haut.

Au total, Le PALIKA se trouve en face d’une stratégie de neutralisation en interne au profit d’une ligne qui consiste à radicaliser à l’excès les positions, celle- là même à laquelle le PAILKA fait face depuis le début de la mise en oeuvre de l’Accord de Nouméa sur des sujets comme le rétablissement du corps électoral figé, l’usine du Nord, le transfert des compétences ou la protection et la promotion de l’emploi local. A quelles fins politiques ? La question est ouverte.

 

Une stratégie de déstabilisation délibérément organisée.

La radicalité des discours de certains responsables vis-à-vis de la droite et le comportement des ministres UC-FLNKS au gouvernement constituent les seuls indicateurs de ce qui serait une stratégie politique : faire tomber le gouvernement sous prétexte de manquement à l’esprit de collégialité et placer 4 ministres de l’UC au gouvernement. Quelle belle manipulation pour continuer à affermir le sentiment que l’UC, l’UPM et, le RDO sont les seuls dépositaires historiques et grands défenseurs de la cause kanak et de l’indépendance !

Et le PALIKA dans tout cela ? Il est devenu une cible privilégiée de cette stratégie, accusé qu’il est de pactiser avec l’ennemi et de ne plus défendre correctement les couleurs de l’indépendance. Les preuves n’en manquent pas. Les responsables du PALIKA de Nouméa et du Mont- Dore sont pris à témoin, eux qui travaillent bien avec l’Union Calédonienne. Dans la province Nord, le groupe UNI travaille avec le soutien des élus de Droite et les griefs contre lui ne manquent pas comme en témoignent l’abstention du groupe UC-FLNKS et l’opposition de Parti Travailliste lors du vote du budget primitif 2010 de la province. Bien plus, les communes dirigées par des maires issus des rangs du PALIKA sont devenues, comme à Houaïlou et récemment à Ouégoa, les cibles d’une stratégie de déstabilisation délibérément organisée.

 

La ligne de conduite du PALIKA

Pour le PALIKA, la stratégie de la confrontation où chacun reste muré dans son camp a vécu. Elle n’est pas en tous cas celle qui a permis de conquérir les avancées politiques de cette dernière décennie, n’en déplaise à certains. Au contraire, le pari sur l’intelligence auquel faisait appel nos responsables en 1988 et dont on aime bien se gargariser beaucoup, implique un investissement de tous les instants dans une discussion permanente avec les adversaires politiques sur les engagements pris ensemble. Réaffirmer les engagements pris dans l’esprit et la lettre des accords signés, les renouveler à la faveur des mutations que notre pays vit afin de mieux traiter les problèmes posés, faire franchir à l’ensemble des composantes de la population des paliers successifs dans cette entreprise de construction d’un pays et d’un destin commun, tels sont les éléments de la ligne de conduite du PALIKA. Il l’a porté avec force durant ces années en martelant qu’il n’y avait pas d’autres voies si l’on veut sortir le peuple Kanak de sa marginalité et faire en sorte qu’il soit acteur de son aspiration à construire un pays indépendant en entraînant dans son sillage les citoyens du pays.

Vingt ans après, ce début de mandature montre une évolution notable dans les faits et dans les discours. Le FLNKS devrait enfin se rendre compte que la dynamique en cours de mise en oeuvre de l’Accord de Nouméa a fait bouger les lignes, y compris et surtout dans le camp de l’Entente Républicaine. Quant aux pourfendeurs du FLNKS, souvent des champions de la communication, qui se posaient en alternative, ils s’aperçoivent et reconnaissent les avancées obtenues et sont sans voix dans les hémicycles devant la complexité des sujets et du combat pour la construction du pays. La question de l’indépendance du pays est une réalité aujourd’hui et on ne le doit certainement pas aux adeptes des joutes verbales ou de l’incantation politique.

Pour autant, les subterfuges restent nombreux. Il y a ceux qui feignent de ne pas voir cette évolution, avides qu’ils sont de marquer leur différence pour exister politiquement.

 

Si on voulait préparer une indépendance néo-coloniale on ne s’y prendrait pas autrement.

Ce faisant, les moindres situations susceptibles de les mettre en avant sont exploités jusqu’à se réfugier derrière l’inventaire lassant des problèmes des colonisés et des exploités pour ne pas assumer les responsabilités. Il y a ceux qui se réfugient derrière les difficultés du peuple ou de la masse voire derrière ce que représente comme symbole le FLNKS. Il y a ceux dont la suffisance politique est devenue un trait du militantisme comme s’il suffit d’être nommé pour se proclamer chantre de l’indépendance ou plus grand défenseur du peuple colonisé et du FLNKS. Sans compter les partis qui transfèrent au FLNKS leurs problèmes internes ou leur incapacité à apporter au Front ce qu’il est en droit d’attendre d’eux.

Si on voulait préparer une indépendance néo-coloniale on ne s’y prendrait pas autrement. Les analyses, les positions et les comportements politiques actuels montrent que le mouvement indépendantiste est gangrené de l’intérieur. Ce n’est pas la création du parti travailliste ni les démarches d’ouverture qui sont responsables de cette situation. Il y a à l’évidence une véritable incapacité du Front à assumer son leadership car il n’a pas pris la pleine mesure de sa responsabilité politique, faute d’avoir su porter l’Accord de Nouméa politiquement. Pire, les avancées politiques obtenues ont ouverts les appétits en tous genres sans que le FLNKS soit en mesure de les maîtriser. C’est la nouvelle bataille qui doit être relevée par le PALIKA qui a prôné le premier la voie de l’accession du pays à l’indépendance comme objectif et solution viable pour l’avenir du pays.

 

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