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Le journal « kanak » a connu trois longues années de sommeil depuis le précèdent numéro daté de juillet / août 2006. Le numéro 211 spécial était entièrement consacré au jubilé des 30 ans du PALIKA. Trois pages sont consacrées aux grandes étapes de la lutte politique menée par le parti depuis 1976 tout en précisant que le PALIKA n'est pas né de rien. Depuis la prise de possession du pays par la France en 1853, le peuple indigène, chassé de ses terres, parqué dans des réserves, réprimé...a mené une lutte ouverte contre l'agression coloniale. C'est le massacre des tribus de balade en 1847, puis la révolte du grand chef Ataï en 1878 et du chef Noël en 1917.

La politique coloniale n'avait alors comme objectif que le déclin progressif du peuple premier. Selon Jules Garnier, « Ce sont les derniers sursauts d'une race condamnée à mourir, sursauts qui, loin de la délivrer, ne font que resserrer l'étau et précipiter l'heure de sa totale disparition » (Garnier, 1879, la Nouvelle-Calédonie à l'Exposition de 1878, Delagrave, Paris). Malgré la participation des kanak aux deux guerres pour libérer la France, le kanak n'était pas considéré comme un citoyen français mais plutôt comme un ressortissant français de seconde zone. La France coloniale place le kanak sous le régime du code de l'indigénat et le système le contenait dans un espace bien précis « la réserve » tout en instituant les moyens de « surveiller » les velléités de certains chefs insoumis par la nomination de chefs administratifs. Mais le système produisant ses propres contradictions, des humanistes comme le pasteur Leenhardt ou le père Luneau oeuvrent pour la reconnaissance de l'autochtone en tant qu'être humain. Ils formèrent les kanak à l'appropriation des outils de pensée du colonisateur pour les permettre de les utiliser, le moment venu, dans leur combat à armes égales afin de rétablir leur dignité humaine.

Ce contexte amène de nombreux kanak à s'engager aux côtés d'européens socialistes pour lutter contre les injustices. C'est la naissance de l'Union calédonienne en 1957 sous le slogan « deux couleurs, un seul peuple » qui permet des avancées tant politiques que sociales (CAFAT et habitat social). Cependant, la question coloniale, dans son principe, est occultée et les kanak de l'UC se gardent de mettre sur la table des discussions la mise en cause du rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France.

Les évènements de septembre 1969 marquent le début d'une prise de conscience tant identitaire que politique de la jeunesse kanak. Menés par Nidoïsh Naïsseline, « les foulards rouges » composés essentiellement des jeunes kanak des îles loyauté dénoncent l'exploitation, le racisme et l'injustice. Les jeunes calédoniens européens s'organiseront en 1973 derrière JP Caillard et JP Devillers pour créer un mouvement anticolonialiste, alors que les jeunes kanak de la grande terre, avec Elie Poigoune, Déwé Gorodey, Gaby Montéapo et Edmond Koataiba, créeront en 1974 le groupe 1878 pour revendiquer les terres ancestrales pillées par la colonisation.

L'année suivante, en 1975, le groupe 1878 définit le contenu de sa stratégie de lutte en affirmant que « des mots d'ordre nationalistes tels « pouvoir kanak , personnalité kanake, les terres aux kanaks ne trouvent leur pleine expression que dans un cadre de lutte pour l'indépendance kanake » (archives palika, 1er congrès Amoa 1976).

Ce fut la première fois que le mot « indépendance » fut lancé par des kanak mais pour faire avancer le projet, il y eu la nécessité pour les kanak de créer un parti unique. Le groupe 1878 et les foulards rouges se rapprochent alors de l'UC (Rock Pidjot) et l'Union Multiraciale (Yann Céléné Uréguéi) pour constituer le bureau provisoire pour l'indépendance kanak (BPIK). Mais les partis politiques traditionnels refuseront de s'engager dans ce projet de parti unique.

Face à l'échec des discussions avec les élus de l'UC et de l'UM, en 1976, les foulards rouges et le groupe 1878 se retrouvent au premier congrès d'Amoa pour créer le Parti de Libération Kanak, PALIKA. D'ores et déjà, le contenu politique du nouveau mouvement c'est la revendication d'indépendance du peuple kanak.

Cette prise de position pour une indépendance kanak était surtout une revendication nationaliste. Il s'agissait pour le peuple kanak de se réapproprier son pays comme n'importe quel peuple dans le monde. Et de congrès en congrès, le contenu de l'indépendance s'est précisé pour aboutir au choix du socialisme scientifique comme idéologie de référence pour construire « une forme de société dont les bases fondamentales sont 1)- la propriété sociale des instruments de production ; 2)- la gestion démocratique de ces instruments ; 3)- l'orientation de la production en vue de satisfaire les besoins individuels et collectifs du peuple. »

La structuration d'un nouveau mouvement politique par les jeunes intellectuels kanak interpelle alors les partis politiques traditionnels et en premier chef l'Union Calédonienne dont certains comme Jean-Marie Tjibaou, Yéiwéné yéiwéné, Eloi Machoro et Pierre Declecrque s'approprieront l'organe exécutif pour engager l'UC à prendre position pour l'indépendance en 1977.

Dans la foulée, en 1979 à son synode de Goarou (Wawiluu), l'Eglise protestante évangélique en Nouvelle-calédonie prend, elle aussi, position pour l'indépendance kanak.

Durant cette période le Palika se trouvera à la pointe des mobilisations en particulier en 1978 dans la grève des ouvriers de la SLN (société le Nickel, plus de 3 000 employés à l’époque) qui durera 51 jours à l’issue de laquelle un comité de réflexion a été installé pour introduire le débat politique anticolonialiste sur le terrain syndical, en particulier à l’USOENC, principal syndicat, affilié à la CFDT. Puis au congrès de Hapétra (Lifou) en 1979, le Palika prend position pour un front à la base, et des militants engagés dans le monde du travail, créent des syndicats: STE (syndicat des travailleurs dans l'enseignement), STS (syndicat des travailleurs dans la santé).

La même année, le Palika s'engage avec les partis indépendantistes dans la création du Front indépendantiste en vue des élections à l'Assemblée Territoriale.

Le parti connaît ensuite sa première crise en 1981, au congrès de Dokamo, où Nidoish Naisseline défendra une tendance « identitaire » des intérêts des colonisés kanak alors qu'une partie des militants vont se ranger sur une ligne « idéologique », défendue par Paul Néaoutyne et Elie Poigoune, qui est celle du socialisme scientifique pour combattre l'oppression capitaliste et impérialiste sans renier les valeurs culturelles kanak.

La tendance « identitaire » sort ensuite du Palika pour former le LKS, Libération Kanak Socialiste, tout en restant au sein du Front Indépendantiste, alors que la tendance « idéologique » fidèle aux idées marxistes fait sortir le parti du F.I pour engager ses militants dans la lutte sur le terrain.

Il faut attendre 1984 pour que le Palika rejoigne les partis indépendantistes au sein du Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste, FLNKS récemment constitué pour remplacer le FI, en vue d'adopter une nouvelle stratégie de boycotte des institutions et des élections.

Le Palika constitue alors la ligne la plus à gauche et la plus radicale au sein du camp indépendantiste durant les évènements de 1984 à 1988 et est une des principales forces des Comités de Lutte qui réunissent les éléments actifs indépendantistes, alors que sur le plan politique la principale force du FLNKS reste l'Union Calédonienne.

Malgré ses positions radicales, le parti participe avec les autres composantes du FLNKS à la signature des Accords de Matignon en 1988, puis de l'Accord de Nouméa en 1998 qui fut une avancée considérable dans la lutte du peuple kanak.

Le statut issu de l'Accord de Nouméa est fondamentalement différent de tous ceux qui se sont succédés depuis 1957, date de l'accession de la Nouvelle-Calédonie au statut de Territoire d'Outre-Mer, car il prend en compte la reconnaissance du peuple kanak, l'indépendance et la décolonisation.

Il précise que la décolonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les communautés qui vivent aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, en permettant au peuple kanak d’établir avec la France des relations nouvelles correspondant aux réalités de notre temps.

 

La démarche d'ouverture.

Lors des provinciales de 1995, les partis composant le FLNKS ne sont pas parvenus à se mettre d'accord et à constituer une liste commune. Les méthodes proposées pour la constitution de la liste divergeaient entre lUC qui n'était intéressée que par la liste et le Palika qui voulait discuter sur le base d'un programme.

Faute d'accord, le FLNKS décide donc que les composantes iront séparément aux élections pour ensuite se retrouver à l'assemblée de province afin de constituer un majorité.

Le Palika propose alors, autour du thème de l'indépendance, une plateforme d'ouverture aux Eglises, aux associations, à la société civile, aux individus susceptibles de faire un bout de chemin avec le parti sur tel ou tel front de mobilisation.

L'Accord de Nouméa signé en 1998, conforte la démarche d'aller chercher les autres pour les convaincre sur le projet de société à construire.

Dès cette première mandature de l'ADN (1999-2004), le Palika consolide son expérience de la gestion politique institutionnelle par la démarche d'ouverture qui sera renouvelée aux mandatures suivantes (2004-2009 et 2009-2014).

Mais déjà des dissonances d'appréciation se font entendre de part et d'autres chez les militants. Vers qui le parti doit t-il s'ouvrir et sur quelle base? C'est sur cette double question que le congrès de CATA, en novembre 2008, a positionné la ligne politique à suivre lors des négociations au sein du FLNKS pour la constitution des listes électorales. Il reste que, lors des AG qui ont suivi le congrès de CATA, les militants n'ont pas réussi ou ont évité de problématiser la question. Cela a aboutit à la création d'une liste d'ouverture citoyenne dans le sud et à l'engagement de militants du parti dans une liste FLNKS à la province des îles, contrairement aux directives du bureau politique.

Le congrès extraordinaire de Païta (juin 2009) a permis de clarifier la question et de positionner le parti sur une ligne qui prend en compte le projet socialiste dans la lutte pour l'accès du pays à la pleine souveraineté. Un débat « idéologique » sera nécessaire, au congrès de Novembre 2009, afin de resituer le positionnement du parti dans l'ADN, au moment où d'autres formes de revendications se font jour dans le paysage politique calédonien (autochtonie, syndicats, etc.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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