KANAK N° 217 en ligne

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EDITORIAL

A la veille de cette première décade du 21 ème siècle, votre bimensuel le kanak tient à retracer quelques moments politiques, économiques et culturels qui ont marqué l’année 2010.

Le pays Kanaky-Nouvelle-Calédonie étant inscrit depuis 1986 à l’ONU dans la liste des pays à décoloniser, c’est au mois de mai que les membres du comité des 24 se sont réunis à Nouméa pour le « séminaire régional de l’ONU dans le cadre de la seconde décade internationale pour l’éradication du colonialisme ».

Le comité des 24 de l’ONU examine les “progrès” réalisés par le pays, non seulement dans sa capacité à s’auto administrer, mais aussi dans son développement et sa prospérité. Il remplit dès lors un véritable “service public international” à l’égard du pays et vérifie que la primauté est donnée par l’Etat Français (puissance administrante) aux intérêts du pays et de sa population (aide au développement, etc.…). A l’issue de ses travaux, le comité des 24 a engagé toutes les parties concernées à continuer de promouvoir un environnement propice à l’évolution pacifique du territoire vers un acte d’autodétermination qui n’exclurait aucune option et qui garantirait les droits de tous les secteurs de la société, conformément à la lettre et à l’esprit de l’Accord de Nouméa.

Un autre événement politique de cette année c’est la venue des pays membres du groupe mélanésien « fer de lance » (GMFL) dans un double objectif de politique culturelle, mais aussi de politique économique. Du point de vue économique, seul Vanuatu est le pays mélanésien qui entretien des relations privilégiées avec la kanaky-Nouvelle-Calédonie si on puisse considérer qu’entre ses deux pays, la valeur des importations et des exportations s’équilibrent annuellement à hauteur de 300 millions de F.cfp, alors que les échanges commerciaux avec les autres pays mélanésiens sont fort déséquilibrés voire quasi inexistants avec les Salomon. Ainsi la venue du GMFL devrait permettre, dans l’avenir, l’intégration du pays dans le monde des échanges économiques avec les pays mélanésiens mais aussi avec les pays membres du forum du pacifique.

D’un point de vue culturel, on sait combien le pays joue un rôle actif en matière de culture mélanésienne et quand on sait que le centre culturel Tjibaou n’a pas d’égal dans les pays mélanésiens, la venue du GMFL aura permis de conforter la pleine reconnaissance de la culture kanak. Cela s’est faite aussi à travers les activités culturelles au premier rang desquelles on cite le festival des arts mélanésiens, initiative du GMFL dont l’édition 2010 fut organisée en Kanaky-Nouvelle-Calédonie.

La politique intérieure a beaucoup alimenté les débats en cette année 2010, débats parfois stériles mais surtout, et surtout constructifs. L’Accord de Nouméa condamne, en effet, les partis politiques locaux à sortir de leurs sphères, et à s’ouvrir vers des idées de partage pour construire le destin commun. Dès lors, l’Accord de Nouméa pose un « défi de l’intelligence » pour construire le pays sur le chemin tracé vers son accès à la pleine souveraineté.          

Chaque parti fournira un effort d’interprétation sur ce que font ses partenaires, ses adversaires quant à l’application pleine et entière de l’ADN.

Et l’année 2010 sera peut-être aussi celle des dérives, celle des arrangements mais qu’à cela ne tienne, c’est aussi pour le camp indépendantiste celle de l’interminable conquête de l’unité.

Face à ce dilemme de recherche d’unité, comment les partis du front proposeront t-ils une ouverture aux citoyens qui continuent à douter d’un projet d’indépendance ?

Tjibaou et Lafleur ont déjà fait un grand pas à travers « la poignée de main ». Les citoyens du pays sont aujourd’hui les orphelins de ces deux personnages. Ce sont nos « pères fondateurs » du destin commun ou du futur partagé. Reste maintenant à transformer ce geste de « la poignée de main » en un véritable acte politique.

Cher lecteur, l’équipe du KANAK et le bureau politique du PALIKA, vous souhaitent un joyeux noël et vous adressent leurs vœux pour la nouvelle année 2011. 

La rédaction