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Retrouvez le journal KANAK N° 216 en cliquant sur ce lien link

 

EDITORIAL

La quête de notoriété politique en guise de stratégie !

La situation politique s’est brusquement accélérée durant ce premier semestre de l’année 2010 et  l’effervescence ambiante ne rend pas toujours aisée la lecture des évènements et la compréhension des objectifs recherchés.

La plus grande confusion règne en effet, tant les repères et les frontières politiques habituelles semblent quelque peu bousculées. Très nourri, le débat politique depuis les élections est une succession d’annonces politiques accompagnées de surenchères verbales de la part de beaucoup de responsables politiques pour justifier les revirements opérées en un an par rapport  aux postures politiques d’avant 2009. A un moment où les défis de la décolonisation du pays sont nombreux, complexes et d’une densité jamais égalée dans l’histoire de ces 30 dernières années, nous sommes ainsi ramenés à ce navrant constat de la médiocrité d’un débat politique calédonien animé par les calculs politiciens. Préoccupés à rechercher le pouvoir ou du crédit politique, le comportement de certains responsables est devenu tellement incohérent et inintelligible qu’il  ne suffit plus à masquer leurs fautes politiques antérieures et leurs responsabilités dans cette confusion générale.

Car que penser du parcours depuis 10 ans du RUMP et de son Président sous la présidence duquel le gouvernement n’a pas fait grand-chose, par exemple pour préparer le transfert des compétences ? Que penser  des positions radicalement anti-accord d’avant 2010 et sitôt revues depuis que le parti est revenu aux commandes à la province Sud ?  Que dire sur l’emprise et les blocages opérés pour empêcher les réformes nécessaires au progrès social et à la modernisation de l’économie du pays ? Que dire du soutien très appuyé donné au discours de politique générale du gouvernement actuel, revendiqué mais ensuite critiqué depuis quelques mois ? Que n’a-t-on pas entendu sur la nécessité de purger l’indépendance ?

Après avoir joué avec le feu pendant tout ce temps, le RUMP veut aujourd’hui, sous sa houlette, obliger la Nouvelle-Calédonie à rattraper à marche forcée le temps perdu et il semble avoir trouvé dans les responsables actuels de l’Union Calédonienne le bon allié. Sur quelles bases ? C’est bien la question car  les décisions du dernier Comité des signataires comme  l’agitation autour de la question des signes identitaires viennent rappeler à chacun les exigences  de l’accord de Nouméa, de son contenu, de son esprit, de sa méthode et de sa durée. En un mot, un projet en devenir qui dépend de la qualité de l’engagement apporté par chacun à sa mise en œuvre.

Du côté indépendantiste, les mauvais résultats enregistrés aux dernières élections provinciales par la mouvance portée par le PALIKA font pousser des ailes aux adeptes de la fameuse stratégie du « tout kanak ou rien ». Après la ritournelle sur les vertus de la démarche unitaire prônée par leurs responsables actuels, l’année 2010 consacre à grands renforts médiatiques, notamment sur radio Djiido, ce qui serait un retour de l’Union Calédonienne sur le devant de la scène. Le parti évolue en tandem avec le parti Travailliste au Nord, dans les Iles et dans le Sud. Après le boycott du Comité des signataires de Koné en juin 2003 puis de la visite de Jacques CHIRAC en juillet venu en Nouvelle-Calédonie pour solutionner avec les deux autres signataires le sujet du corps électoral, après le boycott du Comité des signataires de décembre 2008 qui statua sur le transfert de compétences et  la modification consécutive de la loi organique, après le vote négatif contre le projet de modification de la loi organique au congrès de la Nouvelle-Calédonie, le nouvel objectif affiché de l’Union Calédonienne est aujourd’hui de renverser le groupe UNI au Nord, mettre en difficulté le PALIKA dans la conduite des affaires du FLNKS à l’intérieur duquel le RDO est devenu un faire valoir, se poser en fer de lance privilégié de la contestation populaire, notamment kanak (avec UGPE, CNDPA, CAUGERN, USTKE, Comité 150ème collectif des drapeaux etc.) en multipliant des associations et collectifs à l’intérieur desquelles on trouve toujours les mêmes personnes et les mêmes discours relayés par la radio Djiido, instrumentaliser le Sénat coutumier au  risque de nuire à l’image de cette institution avec un Président se rendant au dernier Comité des signataires dans la délégation Union Calédonienne et des collaborateurs militants au service de la stratégie du parti, voter avec le RUMP, l’USTKE et les sénateurs coutumiers en faveur d’Yves TISSANDIER candidat du RUMP à la présidence du Comité Economique et Social, se poser en leader à l’international du mouvement indépendantiste kanak à l’ONU, au groupe Fer de Lance, etc., sans véritable politique.

En un an, les responsables actuels de l’Union Calédonienne ont fait preuve d’un activisme boulimique sans que l’on puisse  suivre le cheminement politique ni discerner une continuité historique, hormis cette volonté obsessionnelle de redevenir le grand parti historique.

En cela, les deux grands partis historiques, le RUMP et l’Union Calédonienne, de la nouvelle alliance politique locale empruntent paradoxalement le même parcours : contrer le PALIKA dont ils n’ont jamais accepté qu’il dirige la province Nord et reprendre à Calédonie Ensemble, passé depuis aux commandes, la direction des affaires du pays. Tantôt radical contre l’Etat et les adversaires locaux tantôt conciliant, les responsables actuels de l’Union Calédonienne et du RUMP soufflent le chaud et le froid  et n’aident pas à clarifier les positionnements politiques à suivre pour la suite de l’accord de Nouméa.

Après la levée des couleurs du pays kanak sur les édifices publics de l’Etat et de la Nouvelle-Calédonie, il s’entend que les parties en présence auraient décidé de confirmer leur collaboration en prenant la majorité au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et en renversant dans le Nord le Président de la province Paul NEAOUTYINE et sa majorité UNI. Les mois à venir diront si la Nouvelle-Calédonie est gagnante à laisser ses intérêts conduits par ce  tandem surprenant dont on perçoit mal les desseins, sinon ceux de conquérir la notoriété et marquer l’histoire, à un moment où il faut pourtant continuer à mobiliser le pays et ses énergies  pour amplifier davantage la décolonisation et la construction du destin commun.

Le PALIKA est, dans cette situation, devenu l’empêcheur de tourner en rond. Mais quoiqu’en disent les uns et les autres, il a encore marqué de son empreinte les résultats de ce 8ème Comité des signataires comme il le fait depuis 10 ans à chaque rendez vous. Il est resté vigilant sur la signification donnée à ce geste important de la levée du drapeau de KANAKY pour dire qu’il ne faut pas faire de calcul politique lorsque l’on veut asseoir durablement l’avenir et les faits montrent qu’il faut faire preuve d’honnêteté et de courage si l’on veut que les citoyens s’approprient ce qui se fait. Depuis 1999, le PALIKA conduit au profit du Nord avec le groupe UNI le rééquilibrage dans les conditions historiques et humaines telles qu’elles se présentent, avec pragmatisme et fermeté, loin des incantations. Il participe aux débats sur les affaires du nickel, sur les enjeux liés à la construction de l’usine du Nord, sur la maîtrise de la SLN, sur le développement de la SMSP, etc…, en faisant en sorte que l’ensemble des intérêts du pays, et non celles d’une province ou d’un parti, soient protégés.

Depuis deux décennies, le mouvement indépendantiste est entré dans la phase délicate du passage de la lutte pour la reconnaissance de la légitimité du peuple kanak, peuple colonisé, à celle de la construction d’une destinée commune à tous les enfants du pays dans une nation libre et égalitaire, une nation dont la civilisation kanak imprègne quotidiennement le fonctionnement et l’organisation  avec toutes les composantes de l’histoire du pays.  Créé en 1976 pour ouvrir et porter officiellement la revendication de dignité et d’indépendance du pays kanak, le PALIKA et tous ceux qui le soutiennent poursuivent inlassablement ce chantier de la transformation sociale et de la responsabilisation. Certains feignent aujourd’hui de découvrir cette ligne politique qu’il a initiée depuis 1995, année où se posait la question de la capacité du mouvement indépendantiste à faire adhérer les autres communautés du pays autour du formidable défi que pouvait constituer pour l’ensemble des calédoniens, le projet de faire accéder leur pays à la pleine souveraineté et l’indépendance.

Plus le pays avance et se transforme, plus les évolutions montrent que la satisfaction des intérêts du peuple colonisé n’ont de chance de se réaliser pleinement que dans une société ouverte qui prend en compte les intérêts des autres composantes du pays. Les débats sur l’école, sur la prise en charge des compétences, sur la situation économique et financière de la Nouvelle-Calédonie, sur l’impact de la politique de rééquilibrage, sur le modèle économique calédonien, etc, sont autant de préoccupations qui interpellent la conscience collective, obligent au décloisonnement de la société et posent inévitablement la question de la place de chacun et des équilibres internes à la société calédonienne contemporaine et sa relation avec l’extérieur.

Le Festival des arts mélanésien qui se tiendra en septembre de cette année dans notre pays pose bien les enjeux en choisissant comme thème fédérateur de la rencontre « Notre identité est devant nous ». Toutes les composantes de la population calédonienne y participeront. Beau challenge pour une Mélanésie qui a bien envie d’apporter sa part d’universel et d’assumer sa place dans le contexte de mondialisation, en faisant de sa spécificité d’aujourd’hui et d’hier une  force capable de se conjuguer pour fonder l’avenir. C’est tout le mérite des responsables qui pilotent cet évènement avec abnégation, loin des joutes politiques et verbales actuelles pour continuer à nourrir et donner du sens à la communauté de destin.

 

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